j’écris pour l’autre partie de moi
celle où les limons
empoignée par la nuit sans axe
de nos morts de traines-chien
je déplie des mots dans le creux de mon visage
que tu manges à la petite semaine
ma parole est un enfant
vicieux
entre les lignes
on a pris la chaleur
sous nos nuits tropicales
et nous voilà
forêts fauves à l’intérieur
ombrages où se dit en silence
un désir de neige
et de pays natal
déserter
ce goût de sel sur nos visages
entre les paumes de la montagne
le vent reprend son souffle
accueille
pour nos espaces au long cours
l’infatigable
errance
Depuis mon arrivée, je n’ai pas encore eu le temps de parler avec les deux enfants qui veillent continuellement sur le petit puits central. En fait de puits, il s’agit plutôt d’un trou foré à même le sol de la cuisine. En se penchant un peu, on peut y apercevoir un liquide jaune et clair à la surface muette. Contrairement aux autres eaux que j’ai bues jusqu’à maintenant, celle-ci ne produit aucun son, aucune musique. C’est une eau jaune et silencieuse.
Ivana m’a d’ailleurs mis en garde hier, après le repas de la mi-nuit. L’eau jaune ne doit se prendre qu’en cas d’absolue nécessité, car on ne sait pas au juste d’où elle provient. Des hommes du village ont tenté, il y a quelques années de remonter à sa source. L’un d’entre eux, le plus mince, s’est même introduit par l’un des trous d’une cuisine. Il a glissé son corps dans l’eau froide, puis on a vu son visage disparaître aussi.
Depuis, on veille à tour de rôle sur le trou d’eau en attendant son retour.